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    "La vie est une cerise, la mort est un noyau,
    l'amour un cerisier", Jacques Prévert.

    Je vous l'assure, je ne veux pas vous casser le moral en ce début de week-end qui fleure bon l'impatience du printemps. J'ai envie de vous poser une question qui me travaille depuis longtemps. Les étudiants que j'accompagne chaque année, ne veulent pas entendre parler de cette perspective (Ils sont jeunes je peux les comprendre) et pourtant, elle est pour moi, ce qui me semble le plus nécessaire pour avoir une vie relativement sereine et paisible, en tout cas pas rongée par le stress, l'angoisse et l'anxiété chronique qui ravagent notre esprit et les moindres parcelles de notre corps.

    Voici la question:" Pouvez-vous dire sincèrement, que pour l'essentiel, vous avez accepté au fond de vous que vous mourez un jour"? Je le répète, je suis désolé de vous poser cette question alors que peut-être vous vivez en ce moments les plus beaux moments de votre vie. Entendez bien: mourir, c'est-à-dire qu'un jour nous ne serons plus de ce monde, nous aurons terminé notre chemin de vie sur cette terre.

    Plus j'avance dans la vie, plus je suis persuadé que la "réponse" à cette question détermine le sens profond de notre vie. Je ne l'ai pas lu dans les livres. Il me semble que je peux dire que l'ai expérimenté dans ma chair d'homme mortel. Certes, cette prise de conscience vive ne fut pas une révélation fulgurante, mais une découverte progressive. Les événements de la vie, la fragilité du corps, la maladie...m'ont amené à me convaincre que la vie ne peut pas avoir de sens véritable si je n'ai pas éprouvé au fond de moi la réalité quasi physique de la finitude, du désespoir et de la perspective d'une vie qui échappe à nos pulsions les plus vives.

    Cette acceptation intime, progressive, est une pédagogie de la vie. Celle qui consiste à sentir que nous ne sommes pas au centre de l'univers. Et même si le grain de sable que nous sommes nous rappelle que notre place est malgré tout essentielle à l’équilibre du monde. C'est sans doute cette vibration existentielle à ce sentiment de précarité inavouable qui me fait dire avec Montaigne: “C’est une perfection absolue et pour ainsi dire divine que de savoir jouir de son être...Pour moi donc, j’aime la vie...”(Essais, III, 13).

    Surtout, profitez bien du temps qui vous est donné, main-tenant, c'est-à-dire, votre main dans celle de la petite fille espérance qui vous fait croire en l'abondance des lendemains. MM

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