Dans l'art médiéval, le rameau est l'attribut, tantôt de la logique, tantôt de la chasteté, tantôt de la renaissance printanière. Un rameau de bois vert enflammé signifie la pérennité d'un amour, malgré la perte de l'espérance. Le rameau est ouverture vers la vie qui vient. Le rameau est offrande, régénération et possibilité de continuation, nouvelle et inattendue. Le rameau est acclamation, signe jubilatoire d'une tristesse transformable en joie pascale.

Le rameau est parabole pour le temps présent. Possibilité de reconnaissance d'une authentique nouveauté ? Qui dira un jour ce que cette crise sanitaire révèle de notre civilisation. Possible bifurcation de l'histoire, transition vers une transformation d'un monde en dissolution. "Rameaux"(1), l'ouvrage de Michel Serres, nous proposait il y a quelques années une nouvelle lecture de l'histoire de la pensée en prenant soin de ne jamais distinguer entre sciences, cultures, arts et religions. Cette nouvelle grille de lecture nous aidait à envisager avec plus de lucidité notre époque inquiétante, à mieux comprendre la richesse de la nouveauté en marche. Invitation pressante à construire un nouveau monde.
MM

"Quel autre pays pourrait-nous accorder asile ?Nous tenons dans nos mains le signe des suppliantes,
Ce rameau vert, décoré de rubans sacrés,
Terre, eaux claires, dieux du ciel et dieux des profondeurs
Qui mûrissent les malédictions dans l'ombre des tombeaux
Accueillez ces femmes, ayez pitié de ces femmes"(2).

(1): Editions Le Pommier, 2007.
(2) Eschyle, "Les Suppliantes" (parodos) in La Trilogie de la Guerre, traduction Olivier Py, 2012.

*