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Eclipse de Madame la Baronne
J'ai aimé apprendre, hier soir, lors de ma tournée télévisuelle des actualités, que Madame Léonie Cooreman,
pardon, Annie Cordy, avait été couronnée Baronne par le roi de Belgique. Je ne doute pas un instant qu'elle
s'en fichait comme de sa première culotte, mais j'avoue sincèrement, que cette distinction a bougrement agité
mon esprit la nuit dernière. Qu'une artiste du show biz soit ainsi promue dans les rangs des premiers de la société
des humains par le Roi Albert II, m'a donné une leçon de morale et d'impératif catégorique à ne jamais juger qui que ce soit.
Oui, lorsque j'étais jeune, Annie Cordy représentait, pour moi, les bas-fonds d'un système télévisuel et artistique agité par
les pires démons.
Il est vrai que je ne connaissais cette artiste que par le petit bout de la lorgnette, c'est-à-dire par la petite fenêtre de cette
télévision qui, à l'époque, était strictement filtrée par mes parents. La chanteuse de la "Bonne du curé" m'était désagréable
même si je me suis surpris à chanter cette mélodie plus d'une fois dans ces soirées entre camarades où rien n'est trop dérisoire
pour s'amuser entre bons copains.
Je le dis, haut et fort, je n'aimais pas Annie Cordy, mais, la bougresse, elle avait réussi l'exploit de me faire aimer ses chansons
les plus terre à terre, pour ne pas dire "bêta". C'est un bel enseignement que de constater, non sans regret, que les stars de la TV
savent quelquefois nous faire aimer la partie cachée de nous-même que nous n'osons révéler au grand jour de peur de n'être pas
assez bien pour paraître en société.
Alors que Madame la Baronne vient de quitter la scène de l'existence, je suis prêt à parier qu'elle restera encore longtemps dans
ma mémoire comme une femme reflétant les paradoxes de notre passage sur terre: nous n'aimons pas ce qui trouble notre relation
aux choses dites "bien", mais nous sommes affamés de ce talent, chez certains artistiques, qui nous apprend à apprivoiser en nous
l'ombre mal-aimée et surtout inconnue de nous-même.
Je vais vous faire une confidence, Madame la Baronne, maintenant que tout est prêt pour que vous deveniez la Bonne servante du
Bon Dieu, ce que j'aimais en vous, et que j'ai mis tant de temps à avouer, c'est votre bonne humeur, votre élan tournoyant enivrant,
votre capacité à venir nous visiter incognito et nous inviter à sans cesse avoir le sourire aux lèvres et le pas de danse qui nous faisait
sentir le grand bonheur d'exister.
Merci, Madame la Baronne, merci.
MM
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Commentaires
bien que ce ne soit pas ma chanteuse préférée, j'avoue qu'elle respirait la joie de vivre, un entrain hors norme, une bonne vivante, marrante et agréable ! paix à son âme .. 92 ans ! et bien.. a eu une belle fin de vie, hélas personne n'est éternel , qu'elle repose en paix maintenant.
te souhaite un bon dimanche ma belle je vais passer voir maman cet apres midi, j'ai fait un gateau aux prunes. je t'embrasse flo.