De la « négritude », on connaît les pères. Mais ce mouvement culturel et politique aurait-il
existé sans Paulette Nardal ?
Qui est donc Paulette Nardal, cette accoucheuse de la "Négritude"?
Née le 12 octobre 1896 en Martinique, Paulette Nardal est l’ainée d’une famille de sept sœurs.
Issue d’une famille bourgeoise, elle est la fille de Paul Nardal, dont les parents avaient été esclaves
et qui fut le premier Martiniquais noir ingénieur des ponts et chaussées, et de Louise Achille,
institutrice et professeure de piano. Elle est élevée dans l’admiration des grandes œuvres de la
culture classique occidentale, mais également dans la fierté d’être noire, contre les stéréotypes de
l’époque en Martinique.
Première femme noire inscrite à la Sorbonne, à Paris, Paulette Nardal, était installée à Clamart dans
les années 1920. Là, elle a fondé La revue du Monde Noir et y a reçu ses amis Aimé Césaire et
Léopold Sédar Senghor. Dans cet appartement, que l'Histoire a oublié, va naître le concept de
"négritude". Paulette Nardal en est l'instigatrice méconnue.
En 1935, elle se mobilise contre l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie. La même année, elle est la seule
femme à signer un article dans L’Etudiant Noir, aux côtés des jeunes Aimé Césaire et Léopold Sédar
Senghor, alors en pleine invention du concept de Négritude. Théoricienne pionnière d’une conscience
noire française, elle sera pourtant effacée de l’histoire du mouvement, même si ses fondateurs lui
rendirent quelques hommages discrets - Césaire en faisant apposer son nom sur une place de Fort-de-France,
Senghor qui écrira « Elle nous conseillait dans notre combat pour la résurrection de la négritude ».
«Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup
plus d’étincelles, nous n’étions que des femmes ! Nous avons balisé les pistes pour les hommes.»
~ Paulette Nardal