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De quoi peut-on parler, valablement?!
Je remarque combien, de plus en plus, il devient quasi impossible de dialoguer avec des interlocuteurs
qui considèrent, là aussi de plus en plus souvent, que vous n'avez pas plus d'autorité et de crédit qu'eux
pour affirmer telle ou telle opinion, argument ou pensée. Je me trouve dans de plus en plus de situations,
familiales et amicales, où la moindre affirmation de ma part est automatiquement contredite par des
allégations opposées. "Tu dis blanc", -"eh bien moi, je te dis noir ou gris car ma vérité est aussi importante
que la tienne".
Je suis bien sûr d'accord pour dire que la parole de l'autre est aussi importante que la mienne, ça, oui. Mais
ce que je ne comprends pas, c'est que la moindre émission d'une idée est systématiquement contredite par
une objection catégorique: "Pourquoi c'est toi qui aurait raison?".
Après longue réflexion sur le sujet, je pense qu'en fait, l'enjeu n'est pas le désaccord sur les idées mais la
volonté de s'opposer à votre personne. Vous aurez beau expliquer à un opposant que la terre est ronde, il
vous répondra toujours que ça reste à prouver. Pire encore, il sera difficile de faire comprendre votre douleur
ou votre émotion, tellement celle de votre interlocuteur est le centre de tout. Ce relativisme absolu est le résultat,
je le sais bien, de décennies où les élites ont voulu faire avaler n'importe quoi aux classes moins formées et aisées.
Le résultat est là, il devient impossible, y compris quand votre métier est d'enseigner, d'affirmer que les boutons
d'or sont jaunes ou qu'un ballon de football est rond. J'exagère à peine. L'autre jour, j'essayais d'expliquer à un
proche qu'il existe aujourd'hui des entreprises qui innovent en donnant plus d'autonomie et de responsabilité aux
salariés. J'ai eu beau m'appuyer sur mon expérience, des témoignages parlants et mes lectures universitaires, mon
interlocuteur s'acharnait à me répondre que "Je ne connaissais rien au sujet" et que j'étais trop naïf pour croire
qu'on puisse diriger une entreprise sans être exclusivement penché sur les bénéfices et les marges de croissance interne.
Impossible de dialoguer. Dialogue de sourds.
Pour regrettable que soit cette situation, je me dis qu'il faut que ce constat me conduise, plus que jamais, à insister sur
des arguments ouverts à la discussion:
1-Ne parler que de ce que je connais d'expérience.
2-Rester modeste dans la formulation des arguments: tout bouge rapidement aujourd'hui.
3-Rester ouvert à la relativité de mon propos. La vérité n'est pas la véracité. Une vérité pour moi, n'est pas une vérité
pour mon voisin ou mon collègue.
4-Ce que nous affirmons doit être jauger à la capacité de l'autre d'entendre ce que j'ai à lui dire.
5-Choisir le moment et le lieu: une vérité peut être dite autour d'un repas partagé mais pas forcément entre deux portes
avant de partir au travail le matin.
6-Tenir du compte du fait que les encyclopédies numériques modifient en profondeur la relation à la vérité. Désormais chacun
croit pouvoir posséder à portée de main une vérité en cliquant sur un moteur de recherche.
7-La relation aux autres est aujourd'hui bâtie sur le partenariat et l'égalité, plus personne ne veut s'appuyer sur l'autorité
d'un notaire, d'un avocat ou d'un médecin pour décider de ce qui est bon pour lui.
8-Les grands producteurs de sens collectif: les États, les Gouvernants, les religions ont perdu une grande partie de leur crédibilité
du point de vue du rapport à la vérité. Désormais chacun est l'architecte du sens qu'il se construit lui-même, comme il peut, et loin
des cadres préétablis.
La liste est longue des raisons qui font qu'aujourd'hui, la parole de l'autre est altérée par une suspicion généralisée. A nous d'agir
en conscience lorsque nous parlons avec quelqu'un. Ce qui est sûr, c'est que chacun doit se creuser la tête et le coeur, s'il veut avoir
quelque chance d'être entendu, cru, compris. Après tout, n'est-ce pas une chance que de devoir construire ensemble une vérité qui
ne vient plus du ciel ou des élites, mais doive être élaborée collectivement.
MM
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Commentaires
Bonjour Bérénice,
Jolitexte ou la vérité en sort bien, le dialogue, ça c'est par principe envers les autres, mais bien souvent on arrive pas a se faire comprendre ou alors on croit que le dialogue est autre, chose dite ou pas, on doit toujours tourner sa langue dans sa bouche je l'ai appris par le temps, tu vois même dans le blog parfois on comprend pas le texte ou le sens du texte par ou on veut en venir si on prend la peine de bien lire on arrive a comprendre mais bon le blog est là pour écrire des textes ou autres montrer de jolis paysages, ou autre mais le blog n'est pas un forum ou l'on relate toujours sa vie il y a des forums pour ça, chose que j'ai horreur, des forums , autrement je viens te souhaiter un bon WE ma douce, il pleuviote mais rien de méchant, sauf qu'il fait froid Gros bisous Marie