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Le 1er novembre 1530 naissait l’homme de lettres, poète et juriste français Étienne de La Boétie, qui fut une des plus grandes figures littéraires et intellectuelles de la Renaissance en France. Son « Discours de la servitude volontaire » constitue d'ailleurs une des bases de la philosophie politique.

Né dans le Périgord, il appartenait à la petite noblesse de robe qui comptait plusieurs magistrats et grandit ainsi dans un milieu cultivé où ses fréquentations lui  inculquèrent les préceptes de l'humanisme. Ce courant de pensée - apparu en Italie au XIVe siècle - était marqué par l'idée de placer l'Homme au centre du monde et de la réflexion ainsi que par l'étude assidue des auteurs antiques qui venaient d'être redécouverts. Le rapport privilégié à l'Homme et à l'Antiquité, dont ces érudits se réclamaient, illustre bien cette période charnière de la Renaissance qui entendait « mettre de côté » le « moyen-âge » - terme apparu à cette époque pour dénigrer cette période - qui était considéré à tort comme obscurantiste et rétrograde par rapport aux temps antiques. Les amis de La Boétie faisaient alors partie de la deuxième génération d'humanistes qui était apparue en France vers 1470. C'est ainsi qu'il traduisit en français les œuvres de plusieurs grands auteurs antiques comme le poète romain d'expression latine Virgile (70-19 av. J.-C.) et le philosophe et historien romain d'expression grecque Plutarque (46-125). Il écrivait aussi de nombreux poèmes.

En parallèle, Étienne de La Boétie fut un témoin de son temps et aurait été marqué par la répression d'une grande révolte paysanne, la jacquerie des Pitauds, qui avait éclaté contre l'unification de la gabelle - un impôt sur le sel - à une époque où le pouvoir royal était en train de se structurer. Certains historiens considèrent, en effet, que le règne de François Ier (1494-1547) marquerait les fondements de la monarchie absolue qui fut si forte le siècle suivant. C'est dans ce contexte troublé qu'il rédigea un ouvrage éminemment politique, « Discours de la servitude volontaire », où il analyse comment et pourquoi une population se soumet à une autorité. Il y affirme qu’un pouvoir ne peut se maintenir sans un certain consentement de la population et non plus seulement par la force, fruit de sa réflexion sur les rapports de force, tout en dénonçant aussi la tyrannie et ses représentants qu'il s'applique à définir en plusieurs catégories. Il échappa d'ailleurs à la censure en se référant à des exemples antiques. Il est vrai que la figure négative du tyran existait déjà dans la Grèce Antique où il détenait un pouvoir absolu de façon illégitime, différent en cela du dictateur romain qui devait renoncer à son pouvoir absolu au bout de six mois.

Cette œuvre ne fut cependant pas publiée et il put donc poursuivre la carrière familiale en étudiant le droit et en devenant rapidement - en 1554 - conseiller au Parlement de Bordeaux où il rencontra le philosophe humaniste Michel de Montaigne (1533-1592) qui devint son ami de toujours. La carrière d'Étienne de La Boétie fut cependant interrompue par sa mort précoce - probablement de la tuberculose - en 1563 à l’âge de 32 ans. C’est donc à titre posthume que son « Discours de la servitude volontaire » fut publié en 1576 par des Protestants qui étaient alors en plein conflit avec le pouvoir royal en ces temps de guerre de religion (de 1562 à 1598). Ses critiques trouvaient, en effet, grâce aux yeux des monarchomaques qui regroupaient surtout des auteurs protestants - tels François Hotman (1524-1590) - qui dénonçaient l'absolutisme royal et qui militaient pour une sorte de souveraineté populaire. Son œuvre eut une grande influence qui ne se démentit jamais, et est ainsi aujourd'hui considérée comme une des origines de la conception de la désobéissance civique qui fut théorisée par l'amércain Henry David Thoreau (1817-1862) en 1849.

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