• Remplacer « je dois » par « je choisis » : un exercice qui va révolutionner votre vie

    les mots sont des fenêtres« je dois » et « il faut que » sont des poisons. Ils jalonnent notre vie de culpabilité, de honte, de devoirs et d’obligations. Imaginez si nous pouvions nous en débarrasser. Notre existence prendrait soudain une toute autre tournure. C’est ce que propose Marshall Rosenberg dans son livre « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) ».

    Il nous aide à traduire « je dois » par « je choisis » et à révolutionner notre vie. Intéressé ?

     

    « Ne faisons rien si ce n’est pas un jeu »

    Marshal Rosenberg dit que « nous ne devrions rien faire si ce n’est pas un jeu » ! Vous pouvez trouver cela extrême mais en y réfléchissant bien, on constate que la suggestion ne manque pas d’attraits.

    Son idée est que nous motivions nos choix uniquement par le désir de contribuer à la vie et non par la peur, la culpabilité, la honte, le devoir ou l’obligation. Comment réussir ce tour de force ?

    Lisez la suite.

    Ne faisons rien si ce n'est pas un jeu.

    Traduire « je dois » en « je choisis »

    Marshall Rosenberg nous explique qu’il s’est un jour posé cette question :  » quels sont les actes de ma vie que je ne vis pas comme un jeu ? »

    En tête de cette liste, se trouvaient « rédiger des rapports cliniques » et « conduire les gamins à l’école« .

    Puis il enchaina son raisonnement en cherchant les motivations de ses actes. Il le fit en complétant cette phrase :

    « Je choisis de … parce que je veux…« .

    Pour les rapports cliniques, il découvrit que sa seule motivation était l’argent. Il décida donc d’arrêter cette contrainte et il trouva d’autres moyens plus ludiques et épanouissants pour gagner sa vie.

    Pour le fait de conduire ses enfants à l’école, il prit conscience des avantages pour eux de fréquenter cette école, du cadre harmonieux qu’elle leur offrait. Cette motivation positive transforma la contrainte en plaisir.

    Remplacez je dois par je choisis

    Je vous invite donc à tester cette méthode en 3 étapes :

     

    1) Listez sur une feuille tous les actes de votre vie que vous ne vivez pas comme un jeu (ce qui s’exprime par « il faut », « je dois »…)

    2) Reconnaissez sincèrement que vous faites ces choses parce que vous choisissez de les faire. Ecrivez « Je choisis de… » devant chaque ligne.

    3) Trouvez l’intention qu’il y a derrière chaque choix en complétant « je choisis de…parce que je veux… »

    Et décidez d’agir par jeu le plus possible !

    https://anti-deprime.com/2015/05/15/remplacer-je-dois-par-je-choisis-un-exercice-qui-va-revolutionner-votre-vie-2/?fbclid=IwAR0oPMsoOt5gSQy60cEwW4W27kgcFB6GQWlDiuQRGj7EhI86_yXG2d3tZg4

     

     


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  • Gaelle Tape

    Parfois derrière notre envie d'aider les autres en s'oubliant nous même se cache un manque de confiance en nous et également une envie de reconnaissance.

    Avant je voulais sauver les autres mais finalement je pense que je me nourrissais de ces personnes pour me sentir reconnue.

    En Étant avec des personnes victimes, je me sentais indispensable.

    Les personnes qui attirent dans leurs vies que des personnes qui ont des problèmes, des personnes toxiques sont généralement elles mêmes toxiques et ont besoin de reconnaître leurs blessures intérieures et sortir de l’accusation de l’autre.

    En voulant toujours sauver l'autre, on empêche ces personnes de devenir Responsable et on empêche cette personne de grandir et inconsciemment on dit à cette personne qu’elle n’est pas capable donc on réduit son pouvoir.

    Apprenons aux gens à devenir Responsable de leurs vies et soyons nous même Responsable de notre propre vie.

    Tu ne peux pas sauver l'autre. C’est toi que tu dois sauver

     


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    La tradition catalane

    Catalane d’adoption, voilà 15 ans que je ne manque pour aucun prétexte la Fête de la Saint Jean à Vernet-les-Bains. Pourquoi Vernet-les-Bains ? Parce que déjà j’y habite et y travaille et ma fille y fait son primaire, mais aussi parce que le village est étroitement lié à la Saint Jean.

    En effet, le pic du Canigó est sur le territoire de Vernet-les-Bains et c’est donc tout naturellement dans notre village que la flamme arrive en premier le matin du 23.
    Rappelons que la flamme de la Sant Joan est conservée précieusement toute l’année à la Casa Pairal à Perpignan (Castillet) et montée le 22 sur le Pic du Canigó pour sa régénération par les « montagnards ». Les blogtrotteuses ont d’ailleurs vécu cet évènement il y a deux ans et je vous invite à (re)découvrir leur vidéo.

    Le week-end précédent la Saint Jean, se déroule la trobada. Durant ces deux jours, les catalans de sang ou d’adoption, montent au pic du Canigó pour déposer des fagots de ceps de vignes dans lesquels se glissent souvent des messages d’amour et d’espoir, accrochés avec des rubans aux couleurs catalanes.
    Ce sont ces mêmes fagots qui permettront de « rallumer » la flamme dans la nuit du 22 au 23…les prémices de la Saint Jean. Quand les conditions météo sont parfaites, depuis Vernet-les-Bains, nous pouvons voir clairement durant cette nuit, le feu sur le sommet et même des « lucioles » cheminer sur les crêtes. Ce sont en réalité les « représentants » vaillants et sportifs de certains villages venus récupérer la flamme pour la redescendre à bon port.

    fête de la saint jean école

    Sant Joan à Vernet-les-Bains

    A Vernet-les-Bains, depuis quelques années, ce sont des membres du TVA (Trail Vernet Aventure) qui prennent à cœur ce passage.
    Le 23 au matin, aux alentours des 10h00, c’est tout le village qui est en effervescence et les maisons sont maintenant parées de drapeaux catalans. Les couleurs « sang et or » sont partout. La tradition est bien présente.
    Ils ne vont plus tarder à arriver, accompagnés des « montagnards ».  Ce sont les enfants de l’école, tous habillés de blanc, et coiffés de la baratine (élément du costume traditionnel masculin, c'est un bonnet en laine feutrée, symbole de la catalanité) pour les garçons qui les accueillent alors, sur la place de l’Entente Cordiale. Ce moment est rempli d’émotions pour tous, enfants comme adultes, Vernétois comme vacanciers. Chants catalans, danses et poèmes sont alors tour à tour offerts par les enfants aux courageux qui amènent au village la flama del Canigó. Une cobla (groupe musical) prendra ensuite le relais pour offrir une ballade de sardanes (danses traditionnelle) aux adultes.

    Jusqu’au soir, la flamme sera conservée dans une lampe à pétrole sur la place de la République après que les villages alentours soient venus eux aussi récupérer une « partie » de la flama del Canigó.

    fête de la Saint Jean

    A la tombée de la nuit

    Puis de nouveau, les enfants toujours en blanc, vont participer à la soirée. Le RDV pour eux est fixé à la mairie. Il faut les préparer. On vérifie les vêtements, on remet la baratine et la faixa (bande d'étoffe enroulée autour de la taille, qui pend sur le côté, élément du costume traditionnel catalan), le petit foulard rouge pour les filles… les plus grands attendent ce moment avec beaucoup d’impatience… car ils vont descendre la flama del Canigó sur la place du village. Les adultes les séparent alors en deux groupes qui vont cheminer dans le vieux village pour arriver avec leur torche de chaque côté de la place de la République, une fois la nuit tombée. Ils seront alors accueillis avec les applaudissements de la foule venue les attendre. Quelle fierté pour ces petits. Tous font très attention avec leur torche, il ne faudrait pas trop l’approcher du copain ou de la copine pendant le trajet. Alors, le bras bien tendu, le regard rivé sur cette flamme, les voilà qui forment maintenant un cercle autour de la vasque qui a été placée au centre de la place et qui va accueillir leur flambeau. Uns à uns, ils y sont alors lancés et une grande ronde s’organise au son des musiques catalanes.

    la flamme de la Saint Jean

    Solstice d’été

    La soirée n’est pas finie. La mairie a coutume d’offrir la fougasse (gâteau traditionnel catalan) et le muscat et c’est le moment d’aller chercher son bouquet de la Sant Joan (réalisé la veille et composé de 4 herbes symboliques de l’évènement : l’orpin, le noyer, le millepertuis et l’immortelle). Il faudra le conserver durant toute l’année dans la maison. Il porte chance. La coutume dit aussi que l’année suivante, il faut le lancer dans le feu le soir de la Sant Joan et en récupérer un nouveau pour perpétuer la tradition.
    La musique bat maintenant son plein. Un orchestre est installé pour l’occasion et Vernétois, comme vacanciers, petits et grands, fêtent le solstice d’été dans la bonne humeur et les rires, autour des valeurs qui animent le pays catalan que sont le partage et la fraternité.

    https://www.tourisme-canigou.com/blog/la-fete-de-la-saint-jean?fbclid=IwAR2SOYnODZnZxrBWWENu4i_2aB4G6DIo_eqO7mLj8sjhYuEhGAmUG-Nf8lk


     


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  • Dernier témoignage de Christiane Singer...

    C'est du fond de mon lit que je vous parle - et si je ne suis pas en mesure de m’adresser à une grande assistance, c'est à chacun de vous - à chacun de vous, que je parle au creux de l’oreille.
    Quelle émotion ! Quelle idée extraordinaire a eue Alain d’utiliser un moyen aussi simple, un téléphone, pour me permettre d’être parmi vous. Merci à lui. Merci à vous, Alain et Evelyne, pour cette longue et profonde amitié - et pour toutes ces années de persévérance.
    Des grandes initiatives, comme c'est facile d'en avoir ! Mais être capable de les faire durer - durer - ah, ça c'est une autre aventure ! Maintenant ces quelques mots que je vous adresse.
    J’ai toujours partagé tout ce que je vivais ; toute mon œuvre, toute mon écriture était un partage de mon expérience de vie. Faire de la vie un haut lieu d’expérimentation. Si le secret existe, le privé lui n’a jamais existé ; c'est une invention contemporaine pour échapper à la responsabilité, à la conscience que chaque geste nous engage.
    Alors ce dont je veux vous parler c’est tout simplement de ce que je viens de vivre. Ma dernière aventure. Deux mois d’une vertigineuse et assez déchirante descente et traversée. Avec surtout le mystère de la souffrance. J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang froid. Je veux seulement l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence. Calcinée jusqu’à la dernière cellule. Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée pour finir dans l’inconcevable.
    Il y a eu une nuit surtout où j’ai dérivé dans un espace inconnu. Ce qui est bouleversant c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout. Je vous le jure. Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour. Il n’y a plus que l’Amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, c’est l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C'est la substance même de la création. Et c’est pour en témoigner finalement que j’en sors parce qu’il faut sortir pour en parler. Comme le nageur qui émerge de l’océan et ruisselle encore de cette eau ! C’est un peu dans cet état d’amphibie que je m’adresse à vous.
    On ne peut pas à la fois demeurer dans cet état, dans cette unité où toute séparation est abolie et retourner pour en témoigner parmi ses frères humains. Il faut choisir. Et je crois que, tout de même, ma vocation profonde, tant que je le peux encore - et l’invitation que m’a faite Alain l’a réveillée au plus profond de moi-même, ma vocation profonde est de retourner parmi mes frères humains.
    Je croyais jusqu’alors que l’amour était reliance, qu’il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin ! Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur les uns des autres. C’est cela le mystère. C’est cela le plus grand vertige.
    Au fond je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en vérité rien à craindre. Oui, c’est la bonne nouvelle que je vous apporte.
    Et puis, il y a autre chose encore. Avec cette capacité d’aimer - qui s’est agrandie vertigineusement - a grandi la capacité d’accueillir l’amour, cet amour que j’ai accueilli, que j’ai recueilli de tous mes proches, de mes amis, de tous les êtres que, depuis une vingtaine d’années, j’accompagne et qui m’accompagnent - parce qu’ils m’ont certainement plus fait grandir que je ne les ai fait grandir. Et subitement toute cette foule amoureuse, toute cette foule d’êtres qui vous portent ! Il faut partir en agonie, il faut être abattu comme un arbre pour libérer autour de soi une puissance d’amour pareille. Une vague. Une vague immense. Tous ont osé aimer, sont entrés dans cette audace d’amour.
    En somme, il a fallu que la foudre me frappe pour que tous autour de moi enfin se mettent debout et osent aimer. Debout dans le courage et dans leur beauté. Oser aimer du seul amour qui mérite ce nom et du seul amour dont la mesure soit acceptable : l’amour exagéré. L’amour démesuré. L’amour immodéré.
    Alors, amis, entendez ces mots que je vous dis là comme un grand appel à être vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément. Tout est mystère.
    Ma voix va maintenant lentement se taire à votre oreille ; vous me rencontrerez peut-être ces jours errant dans les couloirs car j’ai de la peine à me séparer de vous. La main sur le cœur, je m’incline devant chacun de vous...

    ~ Christiane SINGER


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  • Stéphane Allix: "L’âme conserve l’empreinte des traumatismes des vies passées"

    Paris Match | Publié le 19/10/2017 à 19h36 |Mis à jour le 20/10/2017 à 11h55

    Interview Isabelle Léouffre
     

    Stéphane Allix

     
    Stéphane Allix publie « Lorsque j’étais quelqu’un d’autre », une enquête aux frontières de l'incroyable. Delphine Blast / Hans Lucas

    «Lorsque j’étais quelqu’un d’autre»: Voici le titre du dernier opus de Stéphane Allix. Le journaliste nous livre sa nouvelle enquête aux frontières du réel, riche en enseignements. 

    -De quoi parle votre livre ?
    -Stéphane Allix: C’est une enquête très personnelle et totalement inattendue. Tout commence lorsque j’éprouve le besoin de faire un bilan sur ma vie. A cette époque, je frôle le burn-out et je prends la décision d’effectuer une retraite, loin du monde, durant plusieurs semaines. Seul. Je compte travailler sur moi et méditer afin d’y voir plus clair dans mon existence. Lors d’un rêve éveillé, allongé sur mon lit, je vis alors une expérience incompréhensible. Les yeux fermés, laissant mon esprit vagabonder, je suis propulsé dans une scène de la seconde guerre mondiale : des SS avancent derrière des chars. Soudain, l’un d’eux dont je « sais » qu’il s’appelle « Alexander Herrmann » meurt frappé par un éclat d’obus à la gorge. Je perçois qu’un lien très fort m’unit à cet homme, c’est extrêmement net. D’autres informations surgissent : son grade, lieutenant, son âge, 25 ans, des scènes de sa vie, comme si j’assistais à la projection d’un film. L’émotion me submerge, je ne comprends rien.

     

    Lire aussi :Vie après la mort - Une enquête qui bouleverse les certitudes

     
     

    -Vous avez été comme propulsé dans un autre espace temps ?
    -Non. Etant très rationnel, je pense qu’il ne peut s’agir que du fruit de mon imagination. D’un message de mon inconscient qu’un psy pourrait m’expliquer. Je suis tout de même troublé, quand, à mon retour, je découvre sur internet qu’un homme portant ce nom, ce prénom et le même grade dans la SS a réellement existé !

    Lire aussi :Parler aux Défunts - Et si c'était possible?

    - Qu’est-ce qui vous pousse à vérifier son existence alors que ce n’est pour vous que de l’imagination?
    -La curiosité, je suis journaliste. Pourtant, malgré cette découverte, je continue de penser qu’il s’agit d’une coïncidence troublante et m’en désintéresse. Il va s’écouler de longs mois avant que l’intuition de fouiller plus profondément me pousse à enquêter. Je rencontre un historien français spécialiste de la seconde guerre mondiale qui m’informe que de très nombreux dossiers militaires d’officiers SS sont encore accessibles. Nous avons la surprise de découvrir, aux archives de Washington, que celui du « lieutenant Alexander Herrmann » existe et comporte plus d’une centaine de documents. Lorsque je réceptionne ces archives, son acte de décès me foudroie littéralement : Alexander Herrmann a été tué exactement comme je l’ai vu, d’un éclat d’obus dans la gorge ! Dès lors, si je veux rester cartésien, je ne dois plus m’accrocher à l’idée d’un simple hasard. Il faut que j’enquête !

     

    Le portrait d'Alexander Herrmann fourni par les Archives nationales allemandes.
     
    Le portrait d'Alexander Herrmann fourni par les Archives nationales allemandes. © BUNDESARCHIV

    -Quelle est votre première réaction ?
    -La stupeur. Pourquoi m’arrive-t-il une telle expérience ? Qui est cet homme par rapport à moi ? Pourquoi ai-je perçu toutes ces informations à son sujet ? Je dois découvrir le secret qui se cache derrière cette rencontre.

    -Vous enquêtez alors pendant plus d’un an…
    -Et je découvre encore plus de similitudes entre mon rêve éveillé et la vie de cet homme tué en 1941 sur le front russe, comme l’existence d’une petite fille…

    -Combien de temps avait duré cette vision ?
    -Plusieurs dizaines de minutes. Dès que l’expérience s’est arrêtée, je l’ai aussitôt notée dans mon journal que je tiens depuis des années.

    -Vous êtes un ancien reporter de guerre. Ce rêve conscient n’est pas très éloigné de vos propres souvenirs, ne peut-il pas y avoir confusion ?
    -C’est différent. Je n’ai jamais vécu de telles scènes. Certes, depuis toujours, je suis fasciné par la violence et la guerre. C’est pour cette raison que je suis devenu journaliste : Je voulais comprendre pourquoi les humains peuvent s’entretuer. C’était si impérieux qu’au lieu de passer mon bac et de m’amuser comme tous les copains, je suis parti en Afghanistan rejoindre les Moudjahidines afin d’apprendre le reportage de guerre sur le terrain. J’avais 19 ans. C’est aussi pour ça que je me suis lancé dans cette enquête. Je ne l’aurais pas faite si ce personnage n’avait rien de commun avec moi. Là, je « rencontre » un homme qui fait partie d’un des régimes les plus abominables que l’humanité ait porté. Or, depuis l’enfance, je suis obsédé par la question du mal et hanté chaque nuit par des rêves de violence ! Je suis à l’opposé de la pensée abjecte de cet homme mais j’ai la sensation que nous partageons des cauchemars communs.

    -Etes-vous sa réincarnation ?
    -Comment répondre à une telle question ? En faisant cette « rencontre » avec Alexander, tout à coup, j’ai l’impression que ce poids incompréhensible vient de prendre un visage. Je réalise l’origine possible de mes cauchemars. Non, ce n’est pas moi qui ai fait des choses horribles. Moi, je suis quelqu’un de bien.

    Dachau, le choc.
     
    Dachau, le choc. © STÉPHANE ALLIX / MAMA ÉDITIONS

    -Une dissociation s’est donc produite en vous ? Ce n’est pas désagréable?
    -Cette expérience et mon enquête ont été à la fois compliquées à vivre mais aussi libératoires. Quand je me suis rendu dans le camp de Dachau où cet homme a été en garnison quelques temps, des sentiments insoutenables m’ont traversé. Je m’effondrais. Mais cela m’a aussi permis de mettre en lumière ce que je ne suis résolument pas : lui. J’ai hérité de ses émotions, d’une culpabilité et d’une tristesse insondables, mais pas de ses idées infâmes. Mon métier de journaliste est sacré en ce sens qu’il offre aux gens des outils d’information pour penser par eux-mêmes. A l’opposé de ce que faisait la propagande du régime nazi et son bras armé, la SS.

    Toute cette expérience m’a en outre révélé combien les vivants peuvent guérir les morts

    -Alexander ne pourrait-il pas être votre part d’ombre ?
    -D’une certaine manière, oui. Le Dalaï Lama dit que, dans nos vies passées, nous avons déjà fait l’expérience de toute l’humanité : on a déjà été tortionnaire et victime, sage et esclave. Toutes ces mémoires sont en nous. Je l’ai ressenti. C’est d’ailleurs ce qui m’a décidé à écrire ce livre : cette histoire concerne tout le monde. Il y a eu 60 millions de morts pendant la 2nde guerre mondiale. Il y a 80 ans à peine, des êtres humains civilisés ont commis l’impensable. Où sont passées cette violence, cette haine, cette colère, cette peur ? Elles n’ont pas disparu et peuvent être réveillées au gré des circonstances, comme les récentes élections. Heureusement, tandis que des policiers français, durant l’occupation, participaient à la déportation des juifs, d’autres français en sauvaient au péril de leur vie.

    Dans la forêt amazonienne. C’est ici que se produit la « rencontre ».

     
    Dans la forêt amazonienne. C’est ici que se produit la « rencontre ». © STÉPHANE ALLIX / MAMA ÉDITIONS

    -Tout le monde porte donc en soi des vies passées parfois terrifiantes?
    -Selon moi, chacun porte en héritage les souffrances et les secrets de sa famille biologique mais aussi les mémoires d’individus du passé. Comme si nous participions à une « lignée spirituelle ». Est-ce la réincarnation ? Les mots sont réducteurs. Mais nous sommes tous capables de nous connecter à ce monde intérieur. Il faut juste le laisser s’exprimer en nous.

    -Comment distinguer les pensées nées de notre imagination de celles issues de la réalité spirituelle ?
    -Par des pauses dans nos vies trépidantes. Ces moments offrent des occasions de connexion à une réalité spirituelle dont nous sommes inconscients. Dans nos rêves, notre état cérébral est plus disponible pour capter ces énergies subtiles. Mais on ne s’en souvient pas nécessairement au réveil. Sauf quand il s’agit de rêves troublants qui nous laissent une impression étrange de réel. Dans notre monde occidental, on se pense cartésien en affirmant que le monde spirituel n’existe pas. Or, cette affirmation est une croyance, battue en brèche par de nouvelles découvertes sur la conscience : Des scientifiques disent que notre cerveau serait une sorte d’antenne capable de capter d’autres réalités, comme un poste de radio capte les stations. Nous sommes câblés pour nous connecter à des dimensions spirituelles: sentir les esprits des morts, nous souvenir de vies antérieures. Nous n’avons juste pas appris à le faire.

    -Quand vous avez fait cette retraite, attendiez-vous une révélation quelconque?
    -Non. Je voulais simplement faire un point sur ma vie. Pour cela, il fallait redevenir disponible à soi-même par l’ennui. Sans mail, ni téléphone ni lecture. Dans le silence, dans des instants de fragilité, peut émerger un vrai face-à-face avec soi. Cela peut commencer en consacrant quinze minutes par jour à ne rien faire, à s’écouter respirer, à ne pas « accrocher » ses pensées. Ce qui permet de dire à son inconscient: « je suis disponible si tu as un message à m’envoyer ». C’est ce qui s’est produit pour moi.

    -Chacun d’entre nous a-t-il la capacité d’entrer en contact avec le monde invisible ?
    -Oui. Notre corps est composé de millions de capteurs. Il ressent l’énergie des lieux, ce que « dégagent » les gens. Ne dit-on pas : « celui-là je ne sens pas ! », « cet endroit me donne la chair de poule ! » Notre intuition s’exprime à travers notre corps plutôt que par notre mental. L’entrainement permet d’apprendre à discerner le vrai du faux.

    -Vous n’avez jamais douté de votre expérience avec cet Alexander Herrmann ?
    -Je suis journaliste, je doute constamment. Ce n’est que l’accumulation de faits vérifiés et avérés qui m’ont convaincu que cette histoire était réelle. Cette scène apparue dans ma vision est encore d’une vivacité extraordinaire.

    -Remonter jusqu’au lieu de sa sépulture vous a-t-il aidé à guérir d’Alexander?
    -Voir sa tombe a permis le démarrage du processus de guérison qui se poursuit encore aujourd’hui. Toute cette expérience m’a en outre révélé combien les vivants peuvent guérir les morts. Je porte la capacité de guérir cet homme en même temps que je me guéris. Je me suis libéré de son héritage.

    Une force inconnue me poussait devant sa maison alors que je ne savais pas où il habitait

    -Un changement salvateur s’est opéré en vous ?
    -Quand vous comprenez l’origine d’une douleur, ça ne la fait pas disparaître mais ça l’atténue. Je me sens plus léger. La mémoire d’Alexander est celle qui avait laissé le plus de blessures en moi.

    -Est-ce que ça vous a donné envie d’être le canal d’autres mémoires ?
    -Non, ça suffit, d’autant que je n’ai pas commandé cette rencontre.

    -Avez-vous vu un psychothérapeute tout au long de l’enquête?
    -Oui, dans plusieurs disciplines allant de la psychanalyse pure à des approches plus « extraordinaires » comme le soin énergétique, la médiumnité, ou encore le Feng-shui avec Marie-Pierre Dillenseger, maitre en la matière, qui m’a permis de décrypter grâce à l’outil de l’astrologie chinoise la nature subtile de mes liens avec cet homme.

    -Est-ce qu’Alexander vous a donné l’ordre de réhabiliter sa mémoire ?
    -Non, il n’a jamais été impératif. A aucun moment, il n’a pris les commandes. Ce dialogue permanent entre mon intuition et les faits historiques m’a permis de comprendre quel était son parcours. Il m’a guidé par une communication non verbale mais émotionnelle.

    -Il est une mémoire ou une présence en vous ?
    -Les deux. Pendant mon rêve éveillé, je le percevais alternativement hors de moi et comme si j’étais en lui. Je me souviens de son regard que j’ai reconnu sur la photo, retrouvée à la fin de l’enquête. Un regard à la fois moqueur et intrigant. Je l’ai aussi senti en moi physiquement à travers ses émotions: Quand je marchais dans la rue de la ville de naissance de sa femme, je le sentais fier dans son uniforme ; quand une force inconnue me poussait devant sa maison alors que je ne savais pas où il habitait ; quand, en Russie, je me suis arrêté pile à l’endroit où il est mort. Lui a disparu mais c’est comme si un souffle était passé dans son âme et vivait à travers moi. Alexander n’est pas moi, je ne suis pas lui. Mais nous sommes traversés par le même courant éternel. Ma vision de la réincarnation s’est affinée.

    -Expliquez-nous…
    -A l’intérieur de notre être, réside une âme éternelle qui a déjà vécu mille vies et en vivra mille autres. Mais jamais avec le même visage ou sous la même identité. Cette part éternelle en nous porte les émotions, les traumas, les souvenirs des vies antérieures. Ce sont des mémoires. Celle d’Alexander Herrmann est apparue en moi pour que je la guérisse. Mais j’ai certainement eu d’autres vies, plus paisibles celle-ci, qui n’ont pas besoin d’être guéries.

    -Vous disiez que vous vous sentiez mieux...
    -Oui. A la fin de l’écriture, j’ai réalisé que je m’étais débarrassé d’un cauchemar récurrent. Que je commençais une nouvelle vie à l’approche de mes 50 ans.

    - Aujourd’hui, que vous a-t-il laissé en héritage?
    - Je suis sorti de ce tourbillon de confusion, de colère et de tristesse dans lequel je baignais à cause de lui. Maintenant, il est reparti dans le passé. Ce qui nous liait a été rompu et nettoyé. J’ai le sentiment que mon enquête puis l’écriture m’ont guéri d’un traumatisme « karmique ». La psychologie reconnaît le poids des traumatismes trans-générationnels. Je pense qu’il faut y ajouter ceux de nos vies passées. Comme si un traumatisme qui laisse une trace dans le corps, s’imprimait également dans la psyché. Conséquence, lorsqu’elle se réincarne, l’âme conserve l’empreinte de ce traumatisme. C’est mon cas.

    Nous ne sommes pas que des êtres biologiques à l’existence autonome. La réalité ne se limite pas à notre corps

    -Vos proches ont-ils trouvé que vous aviez changé ?
    -Ma femme me connaît depuis près de 20 ans et ma souffrance lui était incompréhensible car nous avons une vie plutôt heureuse. Après cette expérience, l’écriture de ce livre et ma guérison réelle du passé, elle a constaté que quelque chose de fondamental avait changé.

    -Quel est votre message ?
    -Nous ne sommes pas que des êtres biologiques à l’existence autonome. La réalité ne se limite pas à notre corps. Comme le disait Pierre Teilhard de Chardin, « nous sommes des êtres spirituels faisant des expériences humaines ». Je vois chaque être humain comme un point de convergence spirituel, un « lieu » où se rencontre une histoire biologique et une aventure karmique. Le croisement d’une lignée familiale avec une succession de vies antérieures. Il appartient à chacun de nous de faire naître la lumière de l’ombre qui nous habite.

    -Avez-vous été aidés par des forces supérieures dans cette quête ?
    -J’en suis convaincu. On n’est pas tout seul aux commandes. Des anges gardiens, des alliés nous accompagnent en permanence et nous guident. Ils mettent des obstacles sur notre parcours, destinés à nous faire comprendre des choses. Parce que la vie n’est pas juste une succession de moments marrants ou d’épreuves absurdes. Elle est un espace d’apprentissage qui possède une dimension spirituelle. Je l’ai constaté dans mon cheminement cartésien et rationnel. J’ai écrit « Le test » pour montrer qu’il nous est possible de nous connecter à nos défunts. Ce n’est ni surnaturel ni magique, c’est une autre facette de la vie. Pour l’atteindre, il faut juste débrancher son mental.

    -Quel est le sens de la vie, selon vous ?
    -Etre capable d’utiliser nos épreuves comme des outils pour mieux se connaître. Cela dissipe en nous la confusion, dissout nos peurs, guérit nos colères, apaise nos angoisses, accroit notre lucidité sur la manière dont nous agissons. Et, lentement, on devient un meilleur être humain, pour soi, comme pour les autres. Moins esclave de nos émotions, nous gagnons en liberté et en bien-être. Alors essayons !

    https://www.parismatch.com/Culture/Livres/Stephane-Allix-L-ame-conserve-l-empreinte-des-traumatismes-des-vies-passees-1374833?fbclid=IwAR1DAADKYGR32X2jjO_nB-q2VyakzAf9IpjTy9YnfQtwgOijCxWRtFnGDMY

     


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